Comment ne pas se révolter contre l'hypocrisie lorsqu'elle devient inhumaine? En France, ceux qui ont assez d'empathie pour accomplir l'acte libérateur de l'euthanasie, encourent le risque d'être condamnés pour meurtre avec préméditation. Rien que cela ! Chez nous, la loi distingue «euthanasie active » qui consiste à donner la mort (interdite) et «euthanasie passive » qui consiste à ne plus soigner et laisser mourir (acceptée). Et cette passivité légale, ça ne leur fait pas honte, aux politiques, infoutus d'avoir une position courageuse, respectueuse de la dignité des patients et de leur famille ?
De surcroît, au nom du progrès médical et de la recherche, il est devenu tout à
fait justifié de sacrifier la vie d'animaux qui ne demandaient rien. « Quelle ineptie ! Comment être assez primaire pour oser comparer la vie humaine à la vie animale. C'est un raisonnement
de comptoir. Il faut bien expérimenter et donc sacrfier pour progresser », opposera-t-on. Ah oui, c'est vrai !.. pardon, j'avais zappé !... Nous jouissons de la conscience, nous ! Notre
bocal pensant, n'exprime-t-il pas, à lui seul, cette supériorité justifiant qu'on sacrifie des êtres vivants sur l'autel d'un mieux soigner et donc d'un mieux vivre ?
Je ne récuse pas la nécessité du sacrifice. Ce que je récuse c'est l'hypocrisie car à l'autre bout de la chaine, éthique oblige, elle laisse s'enliser des
situations de détresse intolérables. Par « humanité » on achève bien les chevaux. Et pour l'humain alors ? Foin d'humanité ? Abolir la souffrance, au 21ème siècle, c'est le
minimum de la décence, et c'est loin d'être suffisant pour un malade sans aucun espoir et qui n'en finit pas de finir, en implorant de l'aide pour que son calvaire prenne fin. Le respect de
l'autre, commence par le respect de ses choix. Le simple fait de respirer et d'avoir une pompe en état de fonctionnement, c'est cela vivre ?
Je connais une personne dont la mère est en phase terminale du cancer. Elle souffre énormément mais son cœur résiste. Pour la soulager, elle va être mise en état de coma artificiel. Ce n'est pas ça qui est inepte et irrecevable ? Comment comprendre qu'on puisse en arriver à de telles extrémités, plutôt que de mettre un point final à une épreuve sans issue? Comment tolérer qu'on ne laisse, au corps médical, que cette passivité légalement acceptable, abritant de poursuites judiciaires ? C'est honteux.
Nos politiques qui renâclent, reculent, se drapant
pompeusement dans l'éthique, ne devraient être autorisés à un pouvoir décisionnaire qu'après s'être dévoué, comme accompagnant d'un malade en phase terminale. Parviennent-ils seulement à
concevoir ce que peuvent-être une semaine de simulacre de vie, pour un malade atteint de SLA, totalement emprisonné dans son corps, en pleine lucidité, et sans aucun espoir? Imaginent-ils ce que
ce peut être pour celles et ceux qui l'accompagnent? Et ce ne sont pas budgets qu'ils
votent, pour la recherche sur la SLA, qui vont permettre une avancée notoire ouvrant sur un rayon de soleil. Ils s'en lavent les mains, dans l'inconscience totale, que c'est peut-être eux
qui, demain, se réveilleront avec une voix bizarre, un breuvage qui passe par le mauvais tuyau, etc.
J'en arrive parfois à me dire que refusant la perspective d'imposer aux miens l'atrocité morale et affective d'un accompagnement devenu trop douloureux, craignant de ne pouvoir compter sur le corps médical pour mettre un terme à une vie grabataire sous respiration assistée, il ne me demeurera d'autre alternative que de choisir de partir tant que j'ai encore assez d'autonomie pour agir par moi-même. Faiseurs de lois, vos exécutants n'auront qu'à me juger par contumace !
Carte sur la règlementation de l'euthanasie en Europe. Pas de quoi jubiler !
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